Présentation de la boutique de Rosyne et François Charle

Publié le 10/06/2003 par La rédaction
L'histoire de Rosyne et François CHARLE par F. Charle

Au début des années 70 Rosyne avait fini des études d'art et j'étais un "brillant" étudiant dans une faculté parisienne… quand m'est venu l'envie pressante de savoir comment était construite la guitare que j'utilisais (une Framus copie Martin achetée en 1966). Je dévorai alors le peu de littérature existant à l'époque.
J'avais découvert la guitare d'abord électrique au début des années 60, mais les sonorités acoustiques des guitares américaines jouées par Bob Dylan, Doc Watson, et leurs congénères m'avaient très vite impressionnées. Au fur et à mesure que je découvrais la scène acoustique américaine, je ne voyais plus que des Martin. Je rêvais donc d'une Martin, mais n' avais pas les moyens de me l'offrir. Elle est tellement associée à toute la musique acoustique de la fin du 20e siècle.
Et qui n'a pas joué ou rêvé de jouer sur une belle américaine, celles qu'on voit dans les mains de tous les guitaristes qui nous influencent.

Très vite je décidais donc d'en fabriquer une. C'est la rencontre avec Françoise et Daniel Sinier de Ridder, luthiers déjà installés Galerie Véro Dodat qui fut décisive pour notre avenir. Ils nous initièrent à la lutherie en général et à la restauration de tous les instruments à cordes. C'est à cette époque que nous avons découvert les arcanes de la fabrication d'une guitare mais également d'une vielle à roue, d'un cistre, d'un luth et tout instrument avec un manche , une caisse et des cordes.
Puis Françoise et Daniel ont décidé de partir s'installer en province, et nous avons donc repris la boutique à ce moment, c'était en 1979.
Rosyne s'est alors spécialisée dans la restauration des instruments anciens et après 25 ans d'expérience elle travaille aujourd'hui pour des collectionneurs, mais également pour les musées de Paris, Nice et Montluçon. Elle a aussi longtemps été responsable de l'UNFI une association de luthiers artisans. Aujourd'hui elle fait partie de l'équipe qui s'occupe de la formation en lutherie guitare de l'ITEMM au Mans.

De mon côté je restais fidèle à mes guitares en faisant parallèlement un peu de fabrication et beaucoup de restauration et en proposant progressivement à la vente, un choix d'instruments uniquement de qualité, plutôt anciens et vintage.
Les musiciens sont alors venus, progressivement, chez nous chercher l'instrument qu'on ne trouve pas dans les autres boutiques, une vieille Martin, une Gibson, un Dobro, un banjo, une guitare hawaïenne, un ukulélé…
Nous avons toujours privilégié la qualité. Quand je vends une guitare c'est souvent un déchirement que de la voir partir, car je l'avais achetée comme si elle avait été pour moi. Je pense que les gens qui viennent chez nous le sentent. Et puis ils sont libres de les essayer dans la pièce du premier étage, de les goûter, de les apprécier.
Nous ne proposons de toute façon que des instruments triés, sélectionnés, éventuellement restaurés mais de façon professionnelle. Nous voulons rester un lieu privilégié où les gens peuvent rêver et se rendre compte qu'ils peuvent accéder à leur rêve. Nous proposons des instruments qui souvent sont taxés d'instruments de collection, ils le sont par leur rareté , leur état, leur exception, mais ce sont d'abord des instruments à jouer. L'instrument ancien (occasion ou vintage) a tout pour lui. Il a joué, les bois sont stabilisés, il a une histoire et c'est souvent un placement financier. On m'a proposé (je ne l'ai malheureusement pas acheté) en 1985 une Martin D45 de 1941 en palissandre de Rio pour l'équivalent de 15.000 euros. Dix ans après cette guitare se vendait 75.000 euros, aujourd'hui elle est à vendre 140.000 euros !! Et puis mettre les mains sur une Gibson L0 de 1930 c'est un peu jouer avec Robert Johnson ou sur une Martin D 18 de 1959 avec Elvis.

Et les prix ne sont pas toujours prohibitifs. Devant le succès des modèles anciens Gibson, Martin et d'autres proposent des copies qui sont souvent plus chères que les originales ! J'ai vendu il y a quelques temps une Martin D 45 en Rio de 1969 ayant appartenue à Stephen Stills pour le prix d'une " reissue " actuelle. C'était une guitare exceptionnelle et puis poser les doigts dessus et jouer (essayer !) 4+20 c'était se retrouver à Woodstock …et faire un peu partie de CSN&Y.
Mais la majorité des guitares que nous proposons sont souvent moins chères que les neuves et oscillent autour de 3,500 euros. Beaucoup ont tendance à penser que nous ne vendons ces instruments qu'à des professionnels, ce n'est pas le cas. Trop de gens prétendent qu'ils ne les méritent pas parce qu'ils pensent ne pas jouer assez bien. Le rapport entre la qualité, le prix et le niveau de jeu n'existe pas. Il s'agit seulement de se faire plaisir.
On trouve donc chez nous, à côté des accessoires spécifiques (cordes, onglets, médiators, barres, capos…souvent introuvables ailleurs) des méthodes pour guitares, Dobro, banjos, mandoline, lap steel et quelques CD, de très nombreux instruments. Des guitares Martin, Gibson, Santa Cruz, Dobro, National, Weissenborn, Oahu et bien d'autres. Des banjos Gibson, Stelling, Paramount, Bacon, Vega… des mandolines Gibson, des lap steel Gibson, National, Rickenbacher et des ukulélés anciens ou récents.

Nous avons également quelques instruments neufs, de luthiers, français pour les folks, mais de temps en temps seulement, Franck Cheval, Alain Queguiner. Et des étrangers pour les copies Selmer, à savoir Dell Arte, John LeVoi. Nous sommes effectivement devenus un point de référence pour les copies Selmer depuis que j'ai écrit un livre qui retrace l'histoire de ces guitares associées au jazz manouche.

Les critères de choix qui nous font sélectionner les instruments sont multiples. Il faut d'abord qu'ils soient en très bon état, sans déformation, parfaitement jouables et qu'ils sonnent selon les critères établis de volume, clarté, précision…Une guitare qui " sonne " c'est un équilibre de corde à corde, des basses profondes, " boomy " disent les Américains, des médiums précis mais qui se mélangent et des aiguës brillants. Enfin il y a la " couleur " du son , c'est à dire sa personnalité, la touche qui vous la fait aimer ou non.
Et il n'y a que des guitares qui sonnent bien chez nous, monsieur…

François Charle

Le site de François Charle http://www.rfcharle.com/

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